Ou premier regard de Zoreil sur le créole réunionnais
LA DODO LÉ LA. Sur son affiche vert jaune rouge, un drôle de dindon susurre des notes de musique aux passants. C’est du moins ce qui me traverse l’esprit quand l’immense pub me saute aux yeux dès mon arrivée sur l’île. J’y pense et puis j’oublie… Mais pas pour longtemps : l’animal musicien joue les portiers à l’entrée de tous les commerces réunionnais.
C’est en flânant au marché créole de Saint-Paul quelques jours plus tard que le mystère se dissipe. L’exposante qui propose des sculptures du gallinacé accueille mon ignorance de Zoreil (Française de métropole) avec bienveillance :
« C’est le dodo ! », s’exclame-t-elle, « l’emblème de l’île Maurice »
Elle a également la courtoisie de ne pas s’esclaffer quand je demande s’il y a aussi des dodos à la Réunion – le dernier ayant été dévoré au 17e siècle (d’où « dead as a dodo » et « to go the way of the dodo », m’apprendra Wikipédia par la suite). Désormais preuve vivante que le ridicule ne tue pas, je laisse libre-cours à mon incompréhension :
« Et ça se vend bien le symbole mauricien à la Réunion ? »
La femme sourit.
« La dodo, ici, c’est la bière ! »
Eurêka.