Point sur l’accent circonflexe

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La réforme de l’orthographe Vallaud-Belkacem a fait couler de l’encre. Sur la toile, on a vu les Internautes s’insurger contre la prétendue disparition de l’accent circonflexe. Qui est-il ? D’où vient-il ? Va-t-il disparaître de la langue française ?

Accent circonflexe : carte d’identité 

Si l’accent circonflexe fait son apparition dès le 16e siècle, c’est seulement en 1740 que l’Académie française l’emploie et le généralise. Aux côtés de l’accent aigu, de l’accent grave, du tréma et de la cédille, il est aujourd’hui l’un des cinq principaux signes diacritiques utilisés en français. Ce « chapeau » qui résulte graphiquement de la réunion d’un accent aigu et d’un accent grave vient couvrir les voyelles a, e, i, o et u.

D’où vient l’accent circonflexe ?

L’accent circonflexe a plusieurs origines. Il peut résulter de :

  • La disparition d’un « s » dans un mot, comme dans fête (feste), tête (teste), fenêtre (fenestre), hôpitale (ospital) ou encore Pâques (Pasques) et Pentecôte (Pentecoste)
  • La suppression d’une voyelle double, comme dans âge (aage), rôle (roole) ou bâiller (baailler), ou d’une autre lettre, comme dans sûr (seur) ou crûment (cruement)
  • L’évolution de la prononciation, comme dans théâtre – la prononciation de l’accent circonflexe est parfois perçue comme un code de reconnaissance entre membres de la haute bourgeoisie
  • La volonté d’utiliser un discriminant orthographique, comme dans les cas de sur et sûr, mur et mûr, du et dû.

Des problèmes de cohérence 

La langue française est connue pour avoir son lot d’exceptions, règle à laquelle l’accent circonflexe ne déroge pas. C’est la raison invoquée par l’Académie en 1990 pour justifier les rectifications de l’orthographe. « L’emploi incohérent et arbitraire de cet accent empêche tout enseignement systématique ou historique », peut-on lire dans son rapport.

Dans ses Petites chroniques du français comme on l’aime, Bernard Cerquiglini l’affirme : « L’accent circonflexe est devenu un signe principalement graphique, qui signale la disparition très ancienne d’un son ». Les discussions sur l’utilité de l’accent circonflexe sont-elles les prémisses de sa disparition ?

L’accent circonflexe va-t-il disparaître ?

Contrairement aux interprétations erronées qui furent monnaie courante cet hiver, les rectifications orthographiques dictées par l’Académie française en 1990, sur lesquelles s’appuie la réforme Vallaud-Belkacem, n’ont jamais signé l’arrêt de mort de l’accent circonflexe. Il suffit de consulter le texte pour le constater :

« On conserve l’accent circonflexe sur a, e, et o, mais sur i et sur u il n’est plus obligatoire, excepté dans les cas suivants :
a) Dans la conjugaison, où il marque une terminaison (…)
b) Dans les mots où il apporte une distinction de sens utile : dû, jeûne, les adjectifs mûr et sûr, et le verbe croître
 ».

Voilà pourquoi les personnes attachées au « témoin de l’histoire de la langue » (Cerquiglini) qu’est l’accent circonflexe n’ont pas à s’en faire. Il a encore de beaux jours devant lui.

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