Vous vous demandez pourquoi on dit le haricot mais l’harmonie, la hernie mais l’héroïsme, le hippie mais l’hippocampe, le hoquet mais l’horaire, le huit mais l’huissier ? Comment savoir s’il y a disjonction, c’est-à-dire séparation entre l’article et le mot en h ?
Élision de l’article et liaison : la règle de prononciation
Il existe effectivement une explication rationnelle : les mots qui comportent un « h » aspiré obligent à utiliser la disjonction, c’est-à-dire la séparation orthographique. En somme, il suffit de savoir si le « h » du mot que vous voulez écrire est aspiré ou muet.
- Si le « h » est aspiré, vous écrivez l’article en entier et ne faites pas de liaison au pluriel. Exemple : le hiéroglyphe et les hiéroglyphes.
- Si le « h » est muet, vous pratiquez l’élision de l’article et faites la liaison au pluriel. Exemple : l’hirondelle et les [z]hirondelles.
Comment reconnaître un « h » aspiré ?
C’est tout le problème : on ne peut pas car le « h » aspiré ne s’entend pas. À moins d’être étymologiste – et encore, puisque cette règle de prononciation se voit confirmer par son lot d’exceptions. Dans ses Petites Chroniques du français comme on l’aime, Bernard Cerquiglini explique que le « h » aspiré (comme en anglais ou en allemand) a bien existé en français, dans le cas des mots empruntés aux langues qui prononcent le « h ». Cependant, il a très vite disparu et il en reste seulement une règle de prononciation aujourd’hui. L’Académie française précise : « Tous les dictionnaires indiquent par un signe conventionnel quels h (généralement d’origine germanique) sont aspirés et quels h (généralement d’origine gréco-latine) ne le sont pas. Pour certains mots, l’usage est indécis. »
H aspiré ou h muet : la déduction
La plupart du temps, nous savons intuitivement s’il y a élision ou non de l’article qui précède un mot commençant par la lettre « h ». Cela nous permet également de déduire si ledit mot comporte un « h » aspiré ou un « h » muet. Sans grande utilité, soit. Je dis la houille et non l’houille ; le « h » de houille est aspiré. Je dis l’hérésie et non la hérésie : le « h » d’hérésie est muet.
Article devant le h : les difficultés
Les problèmes commencent si vous hésitez quant à l’élision de l’article. Si vous vous demandez « Dois-je écrire l’hérisson ou le hérisson ? L’hachure ou la hachure ? L’huguenot ou le huguenot ? ». Dans ce cas, aucune méthode ne permet de trouver la réponse et il faut effectuer des recherches. Tous les dictionnaires précisent si le « h », en début de mot, est aspiré ou non – en général à l’aide d’une apostrophe ou d’un astérisque.
Le fin mot de l’histoire (avec un « h » muet)
Vous savez désormais pourquoi on dit la bisque de homard mais la consommation d’hormone, le brin d’herbe mais la bouture de hêtre, un massif d’hortensia mais une bande de hors-la-loi ? Si le « h » aspiré et le « h » muet fournissent une explication, ils ne représentent en revanche pas une solution pour identifier la nature du « h » en cas d’hésitation sur l’élision de l’article ou la liaison au pluriel. Votre seule alliée est alors l’intuition – ou votre rédactrice.
Image : Leo Reynolds
2 commentaires sur “Pourquoi le hippie et l’hippocampe ?”
Ravie que l’article vous ait été utile, Dorothée !
Merci pour vos vœux et excellente année 2018 à vous. 🙂
Au plaisir,
Élisabeth
Très instructif. Merci et bonne année