L’obsolescence, c’est tendance ?

Vieux poste de télévision avec magnétoscope intégréQuelle ironie, me direz-vous. Le fait est que, ce matin, je rencontrai « obsolescence » pour la troisième fois en deux jours. Difficile de ne pas être frappée par la redondance du mot ; je ne l’avais guère entendu davantage en 30 ans. Soit, pensai-je, il est dans le vent de substantifier « obsolète », terme familier depuis 1994 grâce à MC Solaar. Je m’aperçus vite de l’erreur : l’adjectif correspondant est « obsolescent ». Qu’est-ce que l’obsolescence ? Pourquoi cette rencontre à répétition ?

Ce que nous apprend Le Petit Robert ?

L’obsolescence est selon lui le « fait de devenir périmé ». En économie, c’est, « pour un bien, [le] fait d’être déprécié pour des raisons indépendantes de son usure physique ». Un objet obsolescent est donc périmé, non pas parce qu’il ne marche plus mais parce que d’autres objets l’ont qualitativement supplanté.

La différence avec obsolète ?

« Obsolète » est utilisé en linguistique et en économie. Un mot obsolète n’est plus usité ; il appartient donc au langage ancien. Un objet obsolète voit son usage « se raréfier au profit d’une nouveauté » nous dit Le Petit Robert. On commence à y voir plus clair : l’objet obsolescent fonctionne toujours mais n’est plus à la page ; il est sur le point de devenir obsolète. L’apparition des smartphones a déclenché l’obsolescence des téléphones portables. Ces derniers sont aujourd’hui obsolètes. Demain, ils seront devenus archaïques.

Pourquoi l’obsolescence est-elle tendance ?

Sans doute à cause de l’obsolescence programmée. Kézako ? L’obsolescence programmée, nous dit Coralie Schaub dans La vie gâchée des objets, « désigne le fait qu’un industriel limite sciemment la durée de vie de ses produits, alors que la technologie permettrait de les faire durer ». D’accord : c’est cette invention du siècle dernier censée régler le problème des crises économiques. C’est ce qui fait que votre machine à laver ou votre smartphone vous laisse tomber au bout de deux ans – alors qu’il serait possible de lui accorder une durée de vie nettement supérieure. L’obsolescence programmée, c’est donc cette tendance omniprésente dont il ne fait pas bon parler.

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